Une Ecole rythmée,
c’est parti, au moins dans notre village !
Ce ne fut pas une gestation aisée ! Le scepticisme était grand, dont le mien… Heureusement, il était plus motivé par la méconnaissance des bases de la réforme, par des oppositions politiques et des considérations d’organisation familiale que par de véritables arguments fondés sur la réflexion documentée…
Parmi tous les échanges, non seulement autour de la réforme Peillon, mais pour toutes les études et les demandes très anciennes tout est possible…. Un postulat unit quand même ceux qui sont préoccupés de la situation : il faut sincèrement
trouver le rythme que nous adultes responsables voulons pour l’enfant ; pour son mieux être, son mieux se développer et son meilleur devenir.
Toutes considérations sur le malaise social, la « dureté des temps » sont importantes mais ne doivent pas repousser encore notre priorité, donner aux enfants des outils solides pour devenir des hommes et des femmes autonomes et citoyens
à la fois.
Quant aux forme que doit prendre la poursuite de ce but, là est la source des divergences, toutes recevables et discutables et pourquoi pas harmonisables…. ?
Peut-être aurait-il fallu plus de pédagogie préalable, le peut-être est un hommage à toutes les études, les expériences qui ont été menées depuis fort longtemps, mais pas assez analysées, pas assez vulgarisées.
Il y a eu l’an passé, beaucoup d’explications, de rencontres, d’écrits, locaux et nationaux, discrets ou médiatisés mais plus soumis à rumeurs qu’à de véritables débats. Les a priori inévitables de chaque groupe, de chaque particulier influent, pour ou contre, ont pris le pas sur de véritables débats ouverts à tous.
Peut-être était-ce une précaution nécessaire pour éviter une énième fois qu’une volonté de réforme se dilue dans les contradictions, les particularismes et sombre dans la corbeille des bonnes intentions archivées…
Pourtant, je continue à estimer qu’une nouvelle opération de consultation nationale soigneusement organisée, qu’une étude de l’adaptation du projet global menée chaque commune, voire chaque circonscription, aurait été le meilleur préalable pour la mise en place nationale en 2014.
Des établissements, parfois même des villes entières, ont mis en place leurs rythmes scolaires et périscolaires adaptés à l‘enfant… J’ai eu la chance d’y
participer. Ce sont ces institutions, qui ne sont plus des essais, qu’il aurait fallu mettre en évidence, avant de lancer la réflexion générale puis la mise en place ! C’est
ce que je regrette le plus : cette précipitation !
J’ai plusieurs fois participé à des projets, l’avant-dernier était sous l’égide de M.Chatel, mais à chaque fois, il est resté en pointillé sauf pour les ukases
décidant des dates de vacances, des zones, de la suppression du samedi après–midi, du passage au mercredi, de la suppression du samedi matin etc…
Même les consultations réflexions pourtant mouvement formidables n’ont accouché que de souris bien timides !
Mais puisque, j’insiste, enfin, une chance de voir transformer des demandes, des études, des constats… en réalisation, faisons avec et même, faisons tout le possible pour qu’elle donne les plus beaux fruits !
Pour notre cas :
La base du choix de mise en place dès la rentrée 2013 repose sur ces critères essentiels :
- L’adhésion de l’ensemble des équipes enseignantes (en dépit des critiques parfois venues de collègues « Ils veulent changer pour moins travailler ! », (ce qui est une absurdité au regard de la simple comptabilité horaire et au regard des engagements, des investissements pris. Autre critique «il y a bien d’autre chose à améliorer avant le temps de l’enfant : programmes – effectifs – soutien – formation, etc… ». Vrai mais ne pas tout faire, doit-il conduire conduit-il à ne rien faire ? Commencer par ce qui fait polémique presque depuis Jules FERRY « LE TEMPS DE L’ENFANT», si souvent mis sur la table, mais avec l’adulte comme priorité souvent : temps du travail agricole – adaptation aux vacances hôtelières – aux horaires des familles… rarement aux alarmes de chrono biologistes.
- L’adhésion des parents d’élèves élus, ce qui n’est pas simple lorsqu’ils doivent se heurter aux familles qui ne veulent pas de changement dans leur
organisation d’horaire de la journée, de distribution de leur semaine.
– L’appui des associations capables d’adapter leurs horaires, fournir des animateurs spécifiques – L’apport des personnels municipaux consacrés à l’enfance, leur propositions, leur implication selon leur spécialité.
- La volonté du Maire et de son adjointe à la jeunesse de suivre ce courant ouvert par les Conseil d’Ecole s’est confortée par leur compréhension des besoins de ce changement, par un vécu professionnel d’aménagement scolaire réussi et la perspective de mettre en place ce projet afin de l’organiser, en étudier les réussites et les échecs, faire des bilans avec tous les partenaires et apporter les amendements nécessaires afin que la municipalité suivante puisse bénéficier d’une expérience en cours.
Le temps de l’enfant repose sur le constat de fatigabilité, sur les résultats décevants de notre système éducatif, même s’ils ne sont pas seulement imputables à ce seul rythme trop lourd.
Les réponses à ce constat sont :
1 – des conditions d’enseignement optimales. Des enseignants formés à l’alternance des moments de pics et de repos – des effectifs assez contenus pour que l’attention individualisée s’exerce en une pédagogie différenciée en toutes disciplines –
2 – un découpage de la journée qui permette un accueil souple capable de rompre avec la grande diversité des vécus préscolaires du petit matin. – En ce sens, l’ancien récit moral, avec son écoute, ses questions et sa ligne d’écriture, était un bon prologue (de nombreux enseignants d’aujourd’hui savent concevoir cette entrée en classe, mobilisatrice et apaisante)
– Une alternance des acquis puis de repos de l’attention est nécessaire mais difficile. Souvent des élèves motivés par une leçon notamment d’éveil, mais aussi de vocabulaire, de création de textes, de problèmes astucieux… ont du mal à quitter, même pour la récré… Bravo pour le prof mais bravo aussi à lui qui sait dire : « La suite à demain, pause maintenant. ». Fatigue n’est pas toujours contrainte, n’est-ce pas ?
- En ce qui concerne la répartition des apprentissages le souhait des tiers temps, ménageant arts plastiques, sports… en fin de journée n’est pas judicieux… Aïe, je crache dans la soupe des activités périscolaires après la classe…
Je n’ai jamais fait la distinction FONDAMENTAUX et DISCIPLINES D’EVEIL, même avec mes élèves en difficulté, qui avaient besoin plus que d’autres d’établir des bases minimales en lecture, écriture et calcul.
La leçon de gym, de dessin, de musique, de sciences, d’histoire de géo etc… sont aussi constructives, gourmandes d’attention, d’intelligence que les autres
apprentissages. J’ai plus souffert en atelier et en musique qu’en math et grammaire, mais justement j’y ai plus exercé ma concentration et ma réflexion.
Avec mes élèves, après l’accueil, parfois météo, parfois notre journal, parfois une lecture suivie… alternaient étude de français, chant, math, sport, hist/géo/sciences, refrançais ou remath puis atterrissage en douceur avec une nouvelle lecture/récitation etc… Pas toujours dans l’ordre
D’ailleurs toute l’école était soumise à ces mixages car espaces (terrain – stade – piscine – cours – bibliothèque – arts plastiques- etc… n’étaient pas libres en même temps et surtout pas tous en fin de journée.
Enfin, et je me réjouis de l’avoir connu, l’adhésion, donc la compréhension de la communauté scolaire est indispensable : d’abord celles d’une équipe enseignante solidaire autour de son projet – attentive à tous les enfants de l’école – soucieuse des objectifs programmés pour chaque niveau mais en grande connaissance du niveau réel des enfants – en symbiose avec les méthodes propres à chacun, non pour les calquer, mais pour en
tenir compte. Les conseils de cycle et de maîtres, bien gérés, devraient garantir cette force initiale de l’école
La compréhension et l’adhésion des familles bien renseignée par les réunions les informations successives et l’écoute rencontrée… Cela peut
aller jusqu’à certaine participations sans confusion entre le vécu familial, forcément personnel et le microcosme scolaire collectif et social. Cette force
des familles adhérentes est importante lorsqu’arrivent des nouveaux, lorsqu’un litige surgit, elle aide à le discuter et aide souvent à le résoudre.
- Toute la collectivité qui accompagne le groupe scolaire peut être sollicitée, celle de droit les tuteurs officiel selon les établissements, les œuvres liées à l’école, OCCE- PUPILLES – CAISSE DES ECOLES… capables d’aider à l’élaboration de projets par leurs expériences. Les partenaires locaux commerçants – professionnels divers – associations…. Tous sont des recours non négligeables.
Le secteur scolaire n’est pas une entité mais une réalité, celle de l’enfant et son temps, son éducation s’exercent dans cet environnement. Que de romans en font leur domaine de prédilection !
-Mon vécu : – mon enfance, mon adolescence campagnarde, littorale et citadine, – ma formation d’instit (notamment avec Pierre PARLEBAS. Mon
prof de gym devenu un incontournable de la formation ensuite, combien je lui dois de ma compréhension de la classe et de son rythme !) ,
- ma formation spécialisée enfance inadaptée (c’était de terme alors) notamment avec un sociologue jazzy adepte avec ses copains DUTRONC
LANZMANN de la vie épicurienne donc de l’attention à l’harmonie de ses enchaînements.
– Mes stages de moniteurs, animateurs, directeur avec UFCV , CEMEA…, avec eux, j’ai appris le poids des ruptures de la journée non seulement dans le temps mais aussi dans l’espace et avec les responsables multiples (parents, nounous, garderie, enseignants, intervenants, soutiens, étude garderie, nounous, parents, ouf)
– Avec mes petits de colo, centres de loisirs, MJC
– avec mes élèves surtout, tous dans leur grande diversité
- et maintenant avec mes jeunes lecteurs…
– avec mes lectures bien sûr mais aussi auprès de tous mes collègues, tous ces éducateurs qui m’ont fait partager leur enthousiasme, leurs
connaissances et leur savoir faire.
J’ai connu le découpage allemand, le découpage italien portugais et les enfants laissés à eux-mêmes hors classe et même à des employeurs au Portugal par exemple.
N’allaient, pour l’Allemagne, aux accueils complémentaires que les volontaires !
J’aurai souhaité qu’en France tous les enfants bénéficient obligatoirement de ces moments d’initiation.
Aujourd’hui, alors que je constate le bon départ dans notre commune, je regrette que tous les enfants pour des raisons qui m’échappent ne
puissent s’initier au théâtre à la peinture – à l’anglais joué – au jardinage – au tambourin – à la fabrication de jouets – au poney – au judo – au foot… déjà
le roulement sur l’année pour les inscrits laissent des déçus mais rien ne les empêchera d’approfondir avec les associations du village, au moins, ils auront
pu découvrir
Donc, Monsieur le Ministre, je partage vos intentions mais je doute de votre méthode et crains pour la viabilité du projet… Je réclame du temps, de la pédagogie, de la concertation, de l’adhésion et des enfants plus précisément objets de cette réforme… mais je sais aussi qu’il faut agir, enfin, en dépit des manques… Alors je suis acteur, même si la pièce est mal écrite, le thème est bon.